Le soir. Crépuscule hésitant… blond en dehors des arbres, brun au-dessous.
Dans le feuillage sombre, quelque chose a glissé, quelque chose de blanc… Pauvre oisillon tombé du nid, peut-être ?
Je m’approche, si doucement. L’oiseau ne crie pas; mais je crois distinguer ses ailes hérissées, son éventail de queue défrisé, déplumé… Un merle blanc, qui sait ? Et, tout à coup, au ras de mon visage, il reprend son élan, fuit très haut, tourbillonne; et je m’aperçois que ce n’est pas un oiseau, mais un papillon – ou un flocon de neige.
En papillote, le revoici. Il se pose un instant entre deux branches et c’est une fleur. C’est une fleur d’amandier que le vent chaud apporte. Elle repart, pirouettant. Je me retourne et la revois au bord d’un pot, sur des raquettes vertes… Un cyclamen déjà !
Mais deux, trois, cinq petites houppes tombent du ciel… Est-ce une oie qu’on plume là-haut ? Un édredon qu’on découd ?
Tantôt il n’y a plus sous les feuilles qu’un point clair – minuscule rond de lune; - tantôt me frôle un pinceau pour la barbe, couronné de savon.
Une couronne ? Attendez donc. Couronne de marquis, en perles – ou de sauvage, en plumes – ou de paon blanc, en filigrane ?
Un va-et-vient s’établit sous la voûte des tilleuls complices. La petite chose monte et redescend, s’éloigne et se rapproche. Une ou plusieurs ? Les voilà qui se croisent… De qui se moque-t-on ?
Et vous riez ? Ne pouviez-vous dire que ces raquettes étaient de vraies raquettes et que, jusqu’à la nuit, vous jouez au volant ?
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In Abeilles et pensées, deuxième année no 1, juillet 1928, p. 17.