Marguerite Ginet-Sicaud - Sonnet (1924)

In Recueil de l'Académie des Jeux Floraux - 1924
Les Frères Douladoure, Imprimeurs, Toulouse (1924 ; p. 31)

                     Pour Clo et Minouche

Ah ! mes petits, jamais ne craignez de me dire
Ce qui peut vous venir à l'esprit, d'un peu fou.
La folie ? Oui, je sais... Mais la sagesse est pire
Quand elle est un geôlier, la main sur le verrou.

Au bureaucrate usé, la prison peut suffire.
Soyez jeunes, frondeurs, amoureux, casse-cou...
De ces défauts, allez, je n'oserai médire ;
Pour qu'ils restent les miens, je donnerais beaucoup.

Je ne l'avouerai pas, certes, aux vieillards revêches
Qui ne vont plus au bois qu'au temps des feuilles sèches
Et regardent le ciel dans des verres fumés !

Moi, je comprendrai tout, vos espoirs, vos chimères,
Et je vous aimerai, non comme les grand'mères,
Mais en ayant vos yeux pour ce que vous aimez...