Du temps où sur ces bords Blaise le sanguinaire,
Le terrible et cruel fléau des huguenots,
À la gloire d'un Dieu clément et débonnaire,
Faisait couler le sang et les larmes à flots...
De ces jours odieux qui souillent notre histoire,
Où les Guise et les Calvin s'armaient au nom du Ciel,
On voudrait à jamais effacer la mémoire,
Et verser dans l'oubli cette coupe de fiel.
Mais partout s'en revoit la trace ;
Partout, en ce pays, le deuil reste tendu :
Le sang à grand'peine s'efface,
Et Montluc — il s'en vante — en a tant répandu !
Il s'arrêta pourtant, car du haut des collines,
Un soir, on n'ouït plus tonner les couleuvrines.
À leur voix succédait un silence de mort :
Montluc était malade, on dormait dans son fort.
Ou peut-être, avait-on osé lui faire entendre
Que Dieu, le pur amour, la suprême bonté,
A condamné le glaive, et que pour le défendre
Il n'est que la parole et que la charité.
Quoi qu'il en soit — chose certaine —
Il s'est remis sous les verroux ;
Ses bourreaux reprennent haleine,
Et de sa fureur inhumaine
Pour un jour il suspend les coups,
Et dans sa forteresse à triples meurtrières,
À triple pont, triple fossé,
Il fait tranquillement ses dévotes prières,
Sans le moindre remords de tout le sang versé.
Mais on tremble toujours, car à travers ses grilles,
Du haut de son donjon, il lance au loin l'effroi ;
Il proscrit tous les jeux, — et fait tant que nos filles
Et nos jeunes muguets sont tous en désarroi.
Extrait de la première partie de Françonnette (1851)
Le terrible et cruel fléau des huguenots,
À la gloire d'un Dieu clément et débonnaire,
Faisait couler le sang et les larmes à flots...
De ces jours odieux qui souillent notre histoire,
Où les Guise et les Calvin s'armaient au nom du Ciel,
On voudrait à jamais effacer la mémoire,
Et verser dans l'oubli cette coupe de fiel.
Mais partout s'en revoit la trace ;
Partout, en ce pays, le deuil reste tendu :
Le sang à grand'peine s'efface,
Et Montluc — il s'en vante — en a tant répandu !
Il s'arrêta pourtant, car du haut des collines,
Un soir, on n'ouït plus tonner les couleuvrines.
À leur voix succédait un silence de mort :
Montluc était malade, on dormait dans son fort.
Ou peut-être, avait-on osé lui faire entendre
Que Dieu, le pur amour, la suprême bonté,
A condamné le glaive, et que pour le défendre
Il n'est que la parole et que la charité.
Quoi qu'il en soit — chose certaine —
Il s'est remis sous les verroux ;
Ses bourreaux reprennent haleine,
Et de sa fureur inhumaine
Pour un jour il suspend les coups,
Et dans sa forteresse à triples meurtrières,
À triple pont, triple fossé,
Il fait tranquillement ses dévotes prières,
Sans le moindre remords de tout le sang versé.
Mais on tremble toujours, car à travers ses grilles,
Du haut de son donjon, il lance au loin l'effroi ;
Il proscrit tous les jeux, — et fait tant que nos filles
Et nos jeunes muguets sont tous en désarroi.
Extrait de la première partie de Françonnette (1851)